Le colisée d'Ekaigos
Le colisée, situé en territoire odav, fut, avant que l'Empire ne soit l'Empire, une importante prison où souffrirent et périrent au fil des générations des milliers d'hommes et de femmes. Au gré d'un changement de royaume, ou de politique, la prison fut abandonnée mais un amphithéatre majeur fut bâti sur ses fondations, peut-être pour faire oublier l'horreur du lieu, peut-être pour, ironiquement, symboliser le passage d'une politique répressive à celle des pains et des jeux. Joutes, courses de chars, compétitions sportives, représentations théâtrales, concerts... les décennies passèrent et le colisée d'Ekaigos fut perfectionné et atteint le fait de sa grandeur, avant de sombrer peu à peu dans l'oubli et de devenir, dans les derniers temps du Symbar décadent, une arène où s'affrontaient esclaves, bêtes, champions et créations morphantiques, au son des orchestres délicieux de l'empire. Les siècles passèrent, la forêt engloutit le colisée et ses environs, les hôtels et les lupanars, les demeures luxueuses et celles de la plèbe. Seul le colisée émerge encore de la forêt, certaines zones se sont effondrées et les arbres le dissimulent aux regards. Sous la ruine majestueuse, les très nombreux passages souterrains, dont certains sont aussi anciens que l'implantation humaine dans la région, existent encore, même si certains d'entre eux sont extrêmement dangereux. Au fil des siècles, certains se sont effondrés, d'autres restent intacts, et des passages se sont ouverts avec le Monde Inférieur.
Lorsque les barbares qui allaient devenir la tribu odav s'établirent dans la région, entre la rive est du lac Volgoma et les rivières Eanor et Malgomor, ils mirent en place de fructueuses relations avec une importante tribu gobeline installée dans les ruines du Colisée d'Ekaigos, les Dekadokks. La tradition fit peu à peu du colisée et de ses environs une zone taboue, mais les échanges entre gobelins et Odavs inspirèrent progressivement un rite de passage à l'âge adulte bien éloigné des poncifs guerriers survivalistes d'autres régions de Davokar.
Aujourd'hui, cette ruine est encore inconnue des Ambriens, les Odavs préservant le secret du colisée et de leurs alliés gobelins. De toute façon, ses trésors ont été emportés depuis bien longtemps par les gobelins et les ancêtres des Odavs.
Les choses, cependant, pourraient bien changer aujourd'hui : les trolls, conscients du danger qui menace leur civilisation, recherche les cocons gobelins pour les préserver de la corruption et les emporter dans le Monde Inférieur. Or les croyances des Dekadokks, lorsqu'est venu pour eux l'âge de mourir, les poussent non pas vers les profondeurs de la forêt, mais vers celles du colisée. Une véritable aubaine pour les trolls, qui rassemblent, dans les anciennes cellules de la prison sur laquelle fut bâtie l'amphithéâtre, des cocons trouvés dans toute la région, et ceux des Dekadokks. Les gobelins, jusque là, ignoraient tout de la présence des trolls, mais il suffit d'une jeune gobeline trop curieuse - et trop rapide pour les trolls - pour que le secret soit éventé. Les anciens de la tribu conférèrent avec leurs alliés odavs, qui leur conseillèrent d'aller à la rencontre des trolls. Eux-mêmes ne s'aventurèrent pas dans les profondeurs du colisée, par tradition tout autant que par peur de créer plus de problèmes qu'ils n'en résoudraient.